Par François BLIOT
Depuis les élections d’avril-mai 1914, la France a un gouvernement de gauche (101 élus socialistes au Parlement) et à la tête de la République, Raymond Poincaré, un président partisan de la plus grande fermeté vis à vis de l’Allemagne. Il va malgré tout être suivi dans cette voie, bien éloignée des positions de Jean Jaurès, par la classe parlementaire socialiste et radicale.
Le 3 Août 1914, à la suite de la déclaration de guerre de l’Allemagne, la France mobilise plus de 5 millions d’hommes. En conséquence, l’activité économique souffre d’un manque de main d’oeuvre. Pour résorber ce déficit, la France signe en Mai 1916 un traité avec le gouvernement de Chine qui s’engage à fournir des « travailleurs » pour participer à l’effort de guerre, dans des tâches non militaires. La Grande Bretagne suivra de près l’exemple de la France et à son tour recrutera des travailleurs dans ses concessions territoriales en Chine après avoir signé un accord en Octobre 1916.
C’est ainsi que dès le début de l’année 1917 des contingents de travailleurs vont arriver en France métropolitaine, principalement dans région côtière d’ABBEVILLE comprenant les communes de NOYELLES sur MER, RUE, PONTHOILE ET NOLETTE. C’est dans cette zone placée sous administration anglaise que se situera le camp de base où passeront près de 140.000 travailleurs entre 1917 et 1919. Néanmoins selon les nécessités, il y aura d’autres camps disséminés dans la Somme, le Pas de Calais et le Nord, jusqu’à la frontière belge. C’est ainsi que l’on trouve des tombes de travailleurs chinois aussi bien dans des cimertières militaires anglais à Tincourt-Boucly dans la Somme et à Sains en Gohelle dans le Pas de Calais, que dans des cimetières civils comme à Villers Carbonnel à quelques kilomètres de Péronne.
Par la suite, la Chine déclarera elle même la guerre à l’Allemagne en Août 1917. En dépit de cette participation de la Chine à l’effort de guerre contre l’Allemagne, les puissances alliées qui délibèrent à la « Conférence de la Paix » en 1919, entérinent les « 21 demandes » du Japon et lui attribuent les concessions allemandes en Chine. Cette décision déclenche un mouvement de protestation en Chine, connu sous le nom du « Mouvement du 4 Mai » qui va prendre par la suite une grande extension et qui sera soutenu par les intellectuels, parmi lesquels Lu Xun, qui depuis mai 1918 publie la revue « La Jeunesse« , écrite en langue vulgaire, point de départ d’une révolution littéraire et démocratique, qui préfigure la naissance du parti communiste chinois en 1921 à Shanghai.