Littérature moderne / 中国当代文学

中国当代文学 zhongguo dangdai wenxue(post 1949)

Dès 1949, on assiste à une réorganisation de la société en terme de création. La Fédération des hommes de lettres et artistes de Chine présidé par Mao Dun et Zhao Yang est créée lors d’un grand colloque à Pékin.  

La fédération chapeaute des associations dont l’association des écrivains (présente dans chaque grande ville et/ou province). Ces associations réunissent les écrivains pour leur dire ce qu’ils doivent écrire et comment, on leur demande d’écrire des choses accessibles, positives etc (idée de Mao à Yan’an). Une fois que les écrivains sont reconnus par l’association, ils reçoivent un salaire. Cela nécessite de passer l’épreuve de la censure et de se conformer au modèle du politiquement correct. 

Toutes ces associations ont des revues (exemple :人民文学 renmin wenxue). Cependant, toutes les maisons d’éditions sont supprimées, il n’en reste que 2 considérée comme « officielle » : 新华出版社 Xinhua chubanshi et 人民文学出版社 renmin wenxue chubanshi. Elles éditent les livres validés par le comité de censure. D’autres maisons ouvrent progressivement en provinces, comme la maison d’édition du Shandong 山东文学出版社 shandong wenxue chubanshi . Il y aussi de quelques romans de littérature étrangère traduits en chinois. Cependant ces derniers ne seront publiés que s’ils présentent des similarités avec ouvrages communistes ou progressistes. Par exemple, Hemingway sera traduit, ainsi que tous les écrivains soviétiques du réalisme socialiste. 

Il y a donc certes beaucoup de livres et de revues, mais les écrivains n’existent que dans le cadre des maisons d’édition et des associations qui limitent leur indépendance et donc les thèses et sujets abordés. De fait, les écrivains ont des réunions au sein de leurs associations et on leur rappelle régulièrement la nécessité d’une littérature utile, formatrice, optimiste. Ces associations n’ont finalement rien d’original : c’est la reproduction du modèle soviétique. 

Ainsi, les auteurs publiés prônent le système de l’État-parti nouvellement établi, alors que les « autres », à savoir ceux qui ne sont pas d’accord avec ce type d’écriture, cessent tout simplement de chercher la reconnaissance et pour la plupart s’autocensurent. 

Lors des deux premières grandes réformes en 1950, la réforme du mariage et la réforme agraire, il est demandé aux écrivains de raconter à quel point tout se passe bien, à quel point les gens sont heureux, pour ainsi venter les bienfaits des réformes. Mais nombreux sont ceux qui savent que tous ces textes ne sont que mensonge et propagande. 

Deux grandes affaires, au cours des années 1950 rappelleront la ligne à suivre : 

  • En 1951, un cinéaste appelé Sun Yu, réalisateur du film «  L’histoire de Wuxun (武训传 wuxun zhuan)» met en scène la vie d’un mendiant du Shandong qui décide généreusement d’aider les enfants pauvres de la province. Cependant, le film est rapidement censuré comme film réactionnaire car le protagoniste ne présente pas d’idées révolutionnaire dans un contexte de chute de l’Empire Qing. 
  • Décembre 1954 : Hu Feng, philosophe marxiste et animateur de grand débat sur la littérature, s’oppose à la surprise générale au lancement du réalisme socialisme. Selon Hu Feng, la création littéraire est réservée aux écrivains créateurs et non pas aux adorateurs du régime. Il adresse alors une lettre au Comité central pour dénoncer les  » Cinq poignards » (à savoir la soumission au parti pour les thèmes traités, l’obligation constante de faire référence au marxisme, en écrivant toujours des textes d’inspiration révolutionnaire où le profil du héros est limité et choisis par le Bureau de censure en plus de l’obligation de ne pas présenter de personnages antagonistes (positif et négatif)) plantés dans le dos des créateurs par le Parti. En janvier 1955, une campagne nationale est annoncée contre 80000 écrivains et intellectuels accusés de soutenir les activités anti-parti de Hu Feng.

En 1956, les écrivains n’écrivent alors plus beaucoup. En URSS, la déstalinisation est en marche suite au XXème congrès du Parti communiste. En réaction, le 2 mai 1956, Mao lance le slogan « Que 100 fleurs s’épanouissent, que 100 écoles rivalisent » prônant une liberté d’expression plus étendue qu’auparavant, comme une lueur d’espoir contre la censure. On assiste alors à une recrudescence des écrits de nombreux auteurs comme Liu Binyan, Wang Meng et Zong Pu.

Cependant, ce n’est pas sans difficulté que les ouvrages seront publiés. En effet, ce n’est qu’une campagne de répression supplémentaire d’auto-dénonciation au profit du Parti contre ses détracteurs. Ainsi, la majeure partie des anciens écrivains ne reprennent pas la plume, au vu des expériences passées et présentes auxquelles la profession est assujettie. 

Mais cette profusion d’idées et de cette libération des esprits ne plait pas au gouvernement. En réponse un mouvement de rectification est lancé en février 1957. Lors d’un discours, Mao Zedong évoque les 12 points de rectification, et parlera des « mauvaises herbes » pour catégoriser les intellectuels en perdition. Il lance dans un même temps un mouvement anti-droitier contre les opposants au pouvoir. Un quota de 5% est imposé dans les établissements publics. Les personnes dénoncées (à tort ou non) sont considérés anti-droitiers et sont envoyés dans les 劳改 laogai, des camps de travail forcé. La conséquence directe de cette purge est le tarissement terrible de la création littéraire, car une bonne partie des écrivains, dépeignant dans leur écrits autre chose que le réalisme socialiste, sont évincés.

Par la suite le Grand Bond en Avant est lancé. Cela consiste à mobiliser les masses non éduquées, au détriment des intellectuels. Les relations se tendent alors avec l’URSS notamment au travers de la déstalinisation que Mao refuse catégoriquement.

En juin 1958, un changement de termes est imposé par Zhou Yang, le ministre de la propagande afin de combiner le romantisme et le réalisme révolutionnaire. Ce nouveau terme définit le peuple qui se doit d’encenser, par les textes, l’envol vers la liberté en occultant les « ténèbres » de la société. 

On magnifie complètement la réalité, on imagine le futur à travers le prisme de la révolution. Les héros intermédiaires (中间人物 zhongjian rendu) sont alors bannis de ce type de littérature. Les textes publiés se font éloge du progrès, pour dépeindre une réalité idéale, future. Mais cette réalité est de plus en plus transfigurée et sont admis seuls des héros sans grande profondeur psychologique.

Seuls des thèmes « quotidien » sont autorisés. Ainsi, les auteurs dépeignent l’activité des usines (production), la vie dans les communes populaires (récoltes) et les efforts de l’armée nationale (récit de guerre), ne représentant donc que trois groupes bien définis : ouvriers, paysans et soldats.